Le désir au bord des lèvres #6 Ma première branlette amicale

Le miroir était devenu mon pire ennemi. Tout ce que j’y voyais, c’était le reflet d’une traînée immature et inconsciente. Immature, parce que je m’étais imaginé qu’il me suffirait de multiplier les expériences pour me sentir exister. Inconsciente, parce que dans ma tentative de conjurer mon blues de la routine, j’en étais venue à me retrouver à genoux dans des cabines sales, la bouche offerte à des hommes inconnus, dans un contexte à l’hygiène douteuse. Le simple fait que je sois revenue de mon dernier séjour au Club54 sans aucune IST relève du miracle. Qu’aurait pensé Nathan ? Qu’avais-je en tête à ce moment-là ? J’avais fait courir un risque dramatique et inutile à mon partenaire, sans m’en même m’en rendre compte. Je m’en voulais de m’être montrée si sotte. Et cette Alice… Oh, bien sûr, elle avait été l’élément déclencheur de cet étalage de décadence. Mais j’en demeurais la seule responsable.

 

Plus je repassais les détails de cette soirée sordide, plus je me dégoûtais. Je ne me reconnaissais pas moi-même. Le sexe avait-il ce pouvoir si aliénant, qu’il m’avait privé de toute rationalité au point de me salir à ce point ? Et Nathan, dans tout cela… Il ignorait que je l’avais trompé, bien sûr. Mais je devrais dorénavant vivre avec ce poids sur la conscience. Car moi, je ne l’ignorais pas. Je ne pouvais l’ignorer. À bien y regarder, quand bien même je n’étais pas satisfaite par ma vie sexuelle aux côtés de Nathan, non seulement j’en avais une, mais en plus, j’avais la chance de vivre avec un homme qui me plaisait, que je trouvais gentil, drôle, et qui m’aimait en retour. Pourquoi n’étais-je pas capable de m’en satisfaire… ?

 

Les jours qui suivirent ma folle escapade nocturne avec Alice, j’étais passée par de nombreuses crises existentielles, et mes sentiments s’étaient mélangés. Malgré cela, je devais néanmoins reconnaître que mon imagination s’était considérablement épanouie, et que ma libido avait explosée. Ces expériences avec ces inconnus, ces sexes différents que j’avais côtoyés à cette occasion, la position qu’Alice m’avait adoptée… Tout cela nourrissait mes fantasmes. Mais je constatai alors que, lorsque mon corps y réagissait et réclamait d’être comblé, Nathan n’y réagissait plus comme auparavant. Pendant plusieurs semaines, je le trouvais même distant. Mais d’une drôle de manière. Souvent, sa libido me semblait en berne, mais certains soirs, sans crier garde, c’était tout l’inverse : il paraissait soudainement pris d’une passion dévorante pour mon corps, et me faisait l’amour d’une façon aussi torride qu’inattendue. Je ne savais plus quoi en penser, car vraisemblablement, je n’étais pas à l’origine, malgré mes efforts, de ses élans extatiques.

 

Mais j’avais fini par déceler un genre de schéma. De façon tout à fait compréhensible, les soirs où Nathan rentrait le plus tard de ses cours ou de ses séances de sport, la fatigue prenait le pas et, de son propre aveu, il ne se sentait pas la force de coucher avec moi. Cela ne m’avait chiffonnée qu’un temps, car c’était une première rupture dans notre routine. Mais la raison l’emporta et je comprenais qu’un corps fatigué n’était pas un corps d’envie. En revanche, les jours où Nathan rentrait tôt, sa libido semblait dépendre du temps qu’il passait non pas avec moi mais avec… Son téléphone. Il n’était pas rare qu’il y passe un moment chaque soir – je pensais simplement le voir scroller ou tchater avec son groupe Discord de gamers – avant de m’approcher assez soudainement, me témoignant son désir et appelant le mien de ses caresses. Cela ne m’avait pas semblé louche tant que je n’avais pas pris en compte que ce schéma avait tendance à se répéter : rentré tôt, scotché à son téléphone, en érection.

 

Alors, par curiosité, j’attendis qu’un soir il se rende aux W.C. alors que nous regardions un film. Je subtilisais alors son téléphone et, soupçonnant que sa consommation de porno ait pu augmenter (ce qui expliquerait ses sautes de libido), je me rendais dans son historique pour vérifier mon hypothèse. Rien. Étonnée, je jetais alors un œil à ses photos. Banales. Rien que des photos de lui et de moi, de ses soirées, ou des captures d’écran de comptes Instagram de musculation. Rien non plus sur Instagram. Après tout, je me faisais peut-être des idées… Mais je découvris au hasard de ma fouille une option que je ne connaissais pas à ma propre galerie de photos, mais que je remarquai dans la sienne : un paramètre permettant d’afficher ou de masquer des images. Je cliquai dessus, et je découvris une demi-douzaine de captures d’écran laissant voir des selfies d’une même fille dans différentes postures aguicheuses. Les images, rognées, ne laissaient paraître aucune information quant à la provenance des photos. Sur la première image, on ne distinguait pas le haut du visage de l’inconnue, seulement sa bouche grande ouverte et sa langue tirée. Sur une autre, elle remontait son haut pour découvrir ses seins…

 

Des nudes ! Des putains de nudes ! Que Nathan avait caché dans son téléphone. Étaient-ce ces photos qu’il regardait avant de me chauffer ces derniers soirs ? Qui était cette fille ? La connaissait-il ? Sur quel réseau échangeaient-ils ? J’entendis la chasse se tirer et Nathan se laver les mains. J’aurais dû reposer le téléphone et le sonder par mes propres moyens, mais j’étais entrée dans un état second. J’étais stupéfaite, furieuse, bouleversée. Les larmes étaient montées aussi vite que les battements de mon cœur s’étaient amplifiés. Je sentais mes mains trembler et ma gorge se nouer. Quand Nathan entra de nouveau dans la pièce, je hurlais. « — C’est quoi ces photos ! Nathan, c’est quoi ces putains de nudes dans ton téléphone !

 

— Hé ! Tu as fouillé dans mon téléphone ?

 

— C’est pas la question ! C’est qui cette fille qui t’envoie tout ça ? Depuis quand ça dure ? Réponds, putain !

 

— Manon, rends-moi ça ! »

 

Nathan avait bondi pour m’arracher le téléphone des mains et se ruer sur les photos. Je me fichais de ce qu’il en ferait. J’étais folle de rage. « — Tu l’as sautée ? Hein !

 

— Mais non, enfin ! Tu délires, pourquoi tu te mets dans cet état-là ?

 

— C’est moi qui délire ? Qui dé-li-re ? Mais c’est ces photos qui sont délirantes ! Tu te fous de moi en plus ! C’est qui cette fille, alors ?

 

— Mais c’est personne, calme-toi ! Juste une fille, comme ça, je sais pas qui c’est. J’ai pris des captures comme ça, parce que ça m’excitait.

 

— Ah ouais, ça t’excite de voir une fille te chauffer comme ça ? Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi, elle ? Je te satisfais plus ?

 

— Ça n’a rien à voir… J’sais pas, c’est juste pour le fun, comme ça, sans plus. Juste des images. C’est comme du porno, je sais pas, c’est excitant, voilà.

 

— Tu lui as parlé à cette fille ?

 

— Non. Je sais pas qui c’est, je te dis. »

 

S’en suivit la plus longue et pénible dispute de notre couple, à ce stade. J’avais d’abord refusé de croire Nathan. Il avait beau se confondre en explications, j’avais l’impression qu’il esquivait, qu’il me cachait quelque chose. Au bout d’une heure à hurler, je n’avais plus de voix, plus d’arguments, plus de force. Mon corps était secoué de spasmes et de sanglots, et Nathan ne savait plus quoi dire non plus. Je le giflai quand il s’était approché de moi, mais il n’avait pas rechigné, et m’avait prise dans ses bras. Je devais me calmer, et me rendre à la raison… « Je te le dirais, s’il y avait quelque chose », avait-il promis. Je finissais par le croire, et je me sentais ridicule. Je savais qu’il regardait du porno, c’est même comme ça que j’avais commencé par me renseigner sur la meilleure façon de le séduire… Et d’après lui, ces images étaient comme du porno. Juste des images du net qui l’excitaient.

 

Reste qu’il avait dormi sur le canapé, ce soir-là. Quant à moi, je n’avais réussi à fermer l’œil qu’après m’être rongée les sangs, tiraillée entre l’angoisse et la culpabilité. Au fond, ma réaction, si elle fut disproportionnée, était l’écho de ma propre culpabilité. J’avais immédiatement accusé Nathan, alors que moi-même, je l’avais déjà trompé plusieurs fois, pour les mêmes motifs… Cela m’excitait, et je m’en étais nourrie pour cultiver notre désir à tous les deux. Pourtant, je n’arrivais pas à me faire à l’idée que Nathan, mon Nathan, puisse ressentir les mêmes envies et succomber aux mêmes fantasmes. C’était tout simplement impensable.

 

* * *

 

L’atmosphère était restée tendue durant plusieurs jours avant qu’arrive l’anniversaire de Nathan. Je lui avais certes déclaré que je lui confiais le bénéfice du doute, mais je n’étais pas parvenue à me détendre suffisamment pour retrouver une quelconque forme d’intimité avec lui. J’étais restée distante. Et puis, après mûre réflexion, je m’étais vraisemblablement adoucie et j’avais décidé que, comme cadeau d’anniversaire, je pourrais bien enterrer la hache de guerre. Quand il rentra, assez tard, de la salle de muscu’, j’avais donc attendu qu’il s’installe confortablement dans le canapé, je lui avais demandé comment s’était passée sa journée, je lui avais servie une bière… Il avait l’air en forme. Alors je m’étais agenouillée entre ses jambes et j’avais commencé à baisser son pantalon. Il parut surpris. « — Qu’est-ce que tu fais ?

 

— Eh bah… ça ne se voit pas ? Je veux te souhaiter un bon anniversaire.

 

— C’est… gentil, merci. Tu ne boudes plus ?

 

— Non, je te fais plus la tête. Et tu me manques. Enfin, ça, ça me manque… »

 

J’avais baissé son caleçon et me retrouvai à présent face à son sexe. Il ne bandait pas encore. Je le pris entre mes doigts et commençai à le masser doucement, pour le faire monter, et plongeai pendant ce temps mon regard dans le sien. Mais je fus surprise d’y voir de la gêne. « — Quelque chose ne va pas ?

 

— Quoi ? Non… Mais je ne m’attendais pas à ce que tu aies envie. Je pensais que tu me ferais encore la gueule, voilà.

 

— Mais non… Allez, laisse-toi aller. »

 

Son membre avait pris de l’ampleur mais il n’était pas aussi dur que d’habitude. Je le pris en bouche quand même. Il avait un drôle de goût, et une odeur assez marquée. Mais je me disais qu’après une séance à la salle, c’était peut-être normal… Mais il ne bandait pas plus. Je reculai. « Désolé, je suis vraiment fatigué, en fait », souffla-t-il. J’étais étonnée. J’avais pourtant toujours réussi à lui faire de l’effet. Je regardai alors son membre à moitié gonflé et… je constatai comme une trace à sa base. Une trace rouge, à peine effacée. « — Du rouge à lèvre ! Nathan ! Tu te fous de moi, tu t’es fait sucer dans mon dos ! » Nathan avait rapidement remis son caleçon et s’efforçait de remonter son pantalon. Il balbutiait. Je m’étais redressée. « — Quoi ? De quoi tu parles ?

 

— Y a du rouge à lèvre qui a déteint sur ta queue ! Me mens pas ! C’était qui ?

 

Je pleurais.

 

— Manon, écoute… tu me faisais la gueule. Je pensais pas que tu voudrais me sucer. Et y avait cette fille…

 

— Cette fille ?! Qui ça ? C’est celle des photos ? Nathan, répond !

 

Il avait fini par hocher la tête.

 

— C’est arrivé qu’une fois, je te jure ! C’était pour mon anniversaire, un coup comme ça. Rien que du sexe, juste pour cette fois.

 

— Juste un coup, « comme ça » ? Tu l’as sautée ?

 

— Non.

 

— Non… Tu t’es contentée de sa bouche à cette salope !

 

— Oh, ça va, Manon ! T’es responsable aussi. Tu t’attendais à quoi ? Tu me suces pas, faut bien que me vide ailleurs. C’est mon anniversaire, pourquoi j’aurais refusé qu’elle me taille une pipe ? C’est juste une pipe, je t’ai pas trompée non plus.

 

— Quoi ! Alors pour toi, se faire sucer dans le dos de sa copine c’est pas tromper peut-être ?

 

— Je l’ai pas sautée, non plus ! Elle m’a proposé et j’ai dit oui, y a rien eu de plus. Elle est repartie, comme ça, et c’était juste pour cette fois !

 

— Alors quoi, ça te gênerait pas que moi je me fasse des queues peut-être ?

 

— Ça n’a rien à voir, t’exagères.

 

— Tu crois ! Pourquoi ce serait différent ? Toi tu te fais sucer ailleurs mais moi je devrais te rester fidèle ?

 

— Mais on s’en fout, putain ! Je t’ai jamais interdit de le faire et je crois que tu m’as interdit de le faire non plus. On en avait jamais parlé. Je vois pas où elle le mal putain, c’est juste une pipe je te dis ! »

 

Notre échange m’avait rendue muette. Je ne savais même plus quoi dire. Nathan m’avait trahie, et il ne semblait même pas s’en offusquer. Sa mauvaise foi était de trop. Sans rien ajouter, je prenais la porte, et quittait l’appartement.

 

* * *

 

Je m’étais réfugiée chez Elouan. Elouan était mon ami d’enfance le plus loyal, et c’est lui que j’appelais toujours en premier quand je ne savais plus où j’en étais. Dès qu’il eut compris de quoi il retournait, il m’invita à rester chez lui aussi longtemps que je le souhaiterais. Il habitait un tout petit studio au rez-de-chaussée d’un quartier tranquille non loin de chez moi. Il avait même les clefs d’un petit jardin qui longeait l’immeuble, et c’est là qu’on passa le reste de la soirée. Assis sur des chaises de camping face à tas de vieilles planches faisant office de table basse. Il m’avait écouté parler pendant bien deux heures… Le cendrier débordait et les bouteilles de bière s’étaient accumulées tout autour de nous, dans l’herbe. Elouan avait fini par trouver le moyen de me changer les idées. Il m’avait fait rire, et alors que la nuit commençait à rafraîchir l’atmosphère, nous rentrions et continuions de discuter de tout et de rien.

 

Jusqu’à ce que, du moins, l’heure de se coucher arrivant, je repense à ce qui s’était passé plus tôt dans la soirée. Les larmes avaient néanmoins cédé la place à la colère. Je n’arrivais pas à me débarrasser des derniers mots de Nathan. « — Tu sais ce qu’il m’a dit ? Lançai-je à Elouan ?

 

— Quoi ?

 

— Que sucer, c’était pas tromper. Pour lui, puisqu’on en avait jamais parlé, ça revenait à tolérer qu’il se fasse sucer à droite à gauche sans conséquence.

 

— Tu parles d’un connard…

 

Elouan était doux. Il s’était toujours montré compréhensif. En l’entendant m’approuver, je me rendais compte de la chance que j’avais de l’avoir comme ami… Lui qui était là, assis en face de moi dans un fauteuil IKEA, à m’écouter déblatérer mes malheurs sans broncher.

 

— Ouais, tu l’as dit… Je me demande à quel point il serait furieux s’il apprenait que moi aussi, j’en faisais autant de mon côté.

 

— Tu l’as fait ?

 

— Peut-être… Au fond je vaux sans doute pas mieux que lui. Je connais une fille qui m’a dit un jour qu’on restait avant tout des animaux. Les mecs veulent se faire sucer… Les filles sucent les mecs. Je sais pas. C’est peut-être logique.

 

— Sûrement… Et tu vas le refaire, alors ? Malgré ce qu’il t’a fait, tu te dis pas que tu devrais en discuter et mettre les choses à plat, genre dire que vous avez vos tords l’un comme l’autre ?

 

— Je sais pas… j’ai envie de le punir, je crois.

 

— Comment ça ?

 

— Eh bah… D’après lui, je devrais pas m’énerver de découvrir du rouge à lèvres sur sa queue puisqu’après tout c’est pas tromper de se faire sucer. Je serais curieuse de voir sa réaction si je rentrais avec du sperme sur les seins.

 

Elouan se tortillait sur son fauteuil en face de moi. Je savais que je l’avais mis mal à l’aise, pare que ses oreilles rougissaient. Je sentais l’alcool faire effet, de mon côté. Je devais avoir les yeux aussi vitreux que les siens.

 

— Tu penses pas que ça envenimerait les choses ?

 

— Je sais pas. Peut-être. Mais je me sentirais mieux.

 

— Ok…

 

— Qu’est-ce qu’y a ?

 

— Rien, rien.

 

Mais j’avais remarqué qu’il essayait de cacher son entrejambe en croisant les jambes. Lui aurais-je fais de l’effet ? En évoquant cette hypothèse avec lui, j’avais moi-même ressentie une forme d’excitation monter…

 

— Elouan, tu… tu bandes ?

 

— Quoi ? Euh… bah, oui ! Enfin j’sais pas, c’est juste mécanique hein, mais t’entendre parler de ça… ça me fait de l’effet, juste.

 

— J’en reviens pas ! Toi, tu bandes sur moi ?

 

— Te moque pas…

 

— Je me moque pas, je suis flattée !

 

— Ah bon ?

 

— Oui…

 

Nos regards se croisèrent. Il avait effectivement le regard vitreux, et les lèvres entrouvertes. Il ne faisait plus d’effort pour dissimuler l’effet que je lui faisais. À vrai dire, c’était même franchement visible… Je pouvais distinguer assez nettement les contours de son intimité, compressées sous son jogging.

 

— Tu veux faire quoi ?

 

— Je sais pas… Et toi ?

 

— Bah il se fait tard. Et je t’avoue qu’après t’avoir entendu parler de ça… Je sais pas, je vais peut-être aller me branler avant de me coucher, haha !

 

— Oh, chaton… ! T’es si dur que ça ?

 

— Bah oui, ça débande comme ça, hein !

 

Nous restâmes silencieux un moment. Puis, je brisais la glace, dans un murmure.

 

— Tu veux… tu veux peut-être un coup de main ?

 

Cette fois, c’est tout son visage qui vira cramoisi.

 

— Tu… tu rigoles ?

 

— Bah non… c’est moi qui t’ai mise dans cet état. Et puis, je sais pas, peut-être que je serais plus à l’aise pour réaliser mon plan si c’est avec un ami que je le fais.

 

— Tu veux vraiment rentrer voir Nathan avec, genre, du sperme sur toi ?

 

— Oui. Ça aura l’avantage de remettre les pendules à l’heure. T’as envie ?

 

— Je sais pas…

 

— Pourtant, on dirait… Enfin, ça se voit. »

 

Je m’étais levée sur ses mots. Lui n’avait pas bien l’air de savoir s’il devait rester assis ou non, et dans quelle position. Il me regardait d’un air troublé, et je le sentais soudain tendu. Une fois en face de lui, je m’agenouillais lentement tout en le regardant. Il inspira un grand coup, puis desserra les jambes en signe d’approbation. Je voyais à présent distinctement son membre bander sous son jogging. Un peu coincé, apparemment, puisqu’il pointait vers le bas, plaqué contre sa cuisse. Cela me donna subitement chaud. Je trouvais la situation très excitante. Ne perdant pas de vue mon objectif, je portais néanmoins les mains à mon haut, que je retirai d’un geste et que je laissai tomber près du fauteuil. Une fois en soutien-gorge, je remarquai que je n’avais fait qu’amplifier le désir d’Elouan, qui les avait fixés un instant avec envie, se repositionnant dans le fauteuil. Avisant mon sourire, il entreprit de défaire lui-même le cordon de son jogging et de le baisser jusqu’à ses chevilles.

 

Une fois son membre dressé devant moi, je constatais qu’il était plutôt fin et allongé. Mais Elouan étant plutôt mince, son sexe donnait une impression de démesure. Je remarquai qu’il était épilé. Sans ajouter à son attente, je le saisis d’une main et commençais à le masturber. Aussitôt, il avait plongé sa tête en arrière et expirer bruyamment. Apparemment, je le soulageais d’une intense frustration. Observant sa réaction flatteuse et le plaisir de plus en plus intense que ma caresse semblait lui provoquer, je continuais avec un peu plus de fermeté. Je fermais complétement le poing sur son membre et le branlais à présent un peu plus vite. Je sentais qu’il était sur le point d’atteindre l’orgasme. Il me regarda. « — Mets-toi debout, dis-je.

 

— Oh, euh, ok.

 

— Voilà, comme ça. Dis-moi quand tu viens. »

 

Maladroitement, le jogging enfilé à hauteur de ses chevilles, il se redressa et se retrouva à présent debout devant moi, qui me positionnais un peu plus droite, toujours à genoux, bombant la poitrine. Je saisis de nouveau son sexe dans ma main et j’accéléra le mouvement, visant du mieux que je le pouvais ma poitrine – sur laquelle Elouan avait braqué ses yeux, fiévreux d’envie. Il ne tarda pas à souffler mon nom dans une crispation, et je le sentis se tendre en avant au moment où il éjacula. Plusieurs longs jets, qui recouvrirent en grande partie ma poitrine. La chaleur de son orgasme sur mes seins me fit frissonner. Elouan poussa de longs râles, et saisit mes épaules pour ne pas flancher. Quand il eut fini, il contempla le résultat de notre expérience, puis, après un silence, éclata de rire. « — Tu… on… on l’a vraiment fait ! Tu m’as branlé, c’est fou.

 

— Ça t’a plu ?

 

— Bah oui ! Carrément. Euh… Merci ?

 

Nouveau fou rire.

 

— T’es vraiment un ami en or, tu sais. Tu es prêt à mettre ta bite au service de ton amie complètement paumée !

 

— Bah écoute, c’est vraiment avec plaisir. Quand tu veux ! »

 

Nos rires résonnèrent encore pendant qu’il se rhabillait, et que j’essuyais une partie de ce qu’il avait laissé sur moi. Je prenais soin, néanmoins, d’en omettre un peu, pour que cela reste visible. « — C’est bien, comme ça ? Discret, mais visible quand même ?

 

— Euh, oui. S’il te reluque, il ne pourra pas le manquer.

 

— Alors c’est parfait. Écoute… Franchement, merci pour ce soir. Je veux dire, de m’avoir accueillie. J’espère que je te donne pas l’impression de t’utiliser. En vrai, ça m’a fait plaisir de te branler.

 

— Ravi d’avoir pu t’aider… j’imagine ? Tu me dirais comment ça s’est passé. Et puis, s’il y a de nouveau un problème, tu sais où j’habite. »

 

Je l’embrassai sur la joue, le remerciai encore, et rentrai chez moi d’un pas décidé.

 

* * *

 

Il devait être une heure du matin, à peu près. Je ne savais pas vraiment si je trouverai Nathan à l’appartement, mais une fois rentrée, je constatai qu’il était toujours dans le salon. Quand il me vit, il se leva d’un bond. « — T’étais passée où ?

 

— Sortie. Voir un ami. J’avais pas envie de te parler.

 

— T’es allée voir qui ?

 

Il avait l’air soupçonneux.

 

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? Moi aussi, j’ai mes secrets.

 

— Attends… Tu te fous de moi ? T’es juste allée te venger, en fait ? C’est ça ?

 

— Je vois pas de quoi tu parles.

 

— Putain, Manon ! T’as encore du sperme, là ! Tu t’es tapé une queue, putain !

 

— Et alors ? Toi t’aurais le droit de la foutre dans n’importe quelle bouche le jour de ton anniversaire, mais moi je ne pourrais pas branler un type juste comme ça ? Si sucer c’est pas tromper, alors franchement ce que j’ai fait, c’est rien.

 

— T’as branlé un type ? C’était qui ?

 

— Peu importe.

 

Silence. Je m’étais attendue à ce que sa réaction soit plus violente, mais apparemment, il s’était contenu, et me fixait d’un air étrange.

 

— T’es une vraie salope, en fait.

 

Ce n’était pas beau, mais il ne l’avait pas dit comme une insulte, je crois. On aurait dit qu’il découvrait une partie de moi qui l’étonnait plus qu’elle ne l’énervait. Il s’approcha de moi.

 

— Comme toi, Nathan, en fait. Quoi ?

 

— T’as kiffé ? Le faire, à ce mec ?

 

— Euh… c’était juste une branlette, hein.

 

— Mais quand même. Branler un autre mec, ça t’a fait un truc ?

 

— Bah, oui, je crois, je suis pas une machine !

 

— Suce-moi.

 

— Quoi ? »

 

Nathan se dressait face à moi. Je reconnaissais son regard : il était animé d’un désir sauvage, brut, de celui qui l’animait souvent aux débuts de notre relation. Il me regardait, moi. Il défit sa ceinture et baissa son pantalon d’une traite, et son caleçon dans la foulée. Il bandait déjà. Rien à voir avec ce que j’avais vu plus tôt dans la soirée. Il attrapa mon visage des deux mains et plaqua ses lèvres contre les miennes. Son baiser était fougueux, maladroit, intense. Sa langue, impérieuse, conquérait ma bouche et se lovait avec la mienne. Sans comprendre, emportée par l’instant, je lui rendis son baiser. J’avais chaud, très chaud, tout d’un coup. Une poussée de désir monta en moi. Quand il mit fin à notre baiser, il se repositionna face à moi et réitéra son exigence. Galvanisée par mes émotions, toutes mes pensées rancunières s’annihilèrent et je m’exécutai. Je me mis à genoux face à lui, et j’eus à peine le temps d’ouvrir ma bouche qu’il avait de nouveau saisi ma tête et qu’il logea lui-même son pénis entre mes lèvres.

 

Ce fut intense. Sans ménagement. Sauvage. Je salivais plus que de raison, emportée par une fièvre désirante, emplie jusqu’à la gorge de son membre si dur qu’il me provoqua très vite une crampe. Il fourrait lui-même son sexe, jusqu’à la garde, jusque dans ma gorge. « T’as vraiment été une garce ce soir, Manon. Bouffe-moi putain, bouffe-moi pour mon anniversaire ! (…) T’as aimé le branler ce mec ? Regarde ce que c’est qu’une vraie queue à manger. C’est ça que t’aimes, pas vrai ? C’est ma queue, ma queue à moi. (…) Et toi t’es ma bouche. T’es ma gorge. » Il me parlait mal, mais j’aimais ça. Je retrouvais mon Nathan, dans toute sa fougue et son désir pour moi. Cet instant sauvage était le nôtre. Il ressemblait à nos premières fois maladroites et trop vives, à nos premières fièvres de désir. Nos esprits ne nous appartenaient plus. Seuls nos corps communiquaient. Il me donnait le sien, et je lui offrais le mien. J’étais à genoux face à mon homme, pleine de mon homme. J’adorais cela.

 

* * *

 

Nous avions pris notre douche ensemble. Étonnamment, le moment passé, le ressentiment n’étais pas réapparu. Je ne saurais expliquer ce qui s’était passé. L’effet revanchard que j’avais tant cherché à provoquer n’avait pas atteint sa cible. Plutôt que de le blesser, je l’avais apparemment flatté. J’avais ravivé, malgré moi, une flamme entre Nathan et moi. Peut-être dira-t-on qu’il avait plus « sain » comme procédé… Mais nous fonctionnions ainsi. Il avait fallu nous faire mal pour nous réconcilier. Je me brossai les dents, le palais toujours en feu, quand il me murmura, d’un ton apaisé : « — Je suis désolé. J’ai été con avec cette fille. J’aurais pas dû accepter. Je te demande pardon, Manon.

 

— Ça me fait du bien que tu le dises. Tu m’as vraiment blessée, tout à l’heure. Moi aussi je suis désolée. J’ai eu une réaction stupide. Je voulais juste te faire comprendre que moi aussi, je pouvais être conne. Aussi conne que toi. »

 

A suivre…
Publié dans Histoire de sexe à plusieurs le avril 30 2024 à 07:05

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